top of page

La magie de Roubaix.

  • cobbling
  • 4 janv. 2016
  • 7 min de lecture


Comme vous le savez tous, chez Cobbling, la course qui nous a fait rêver étant enfants, qui nous fait rêver aujourd'hui et qui nous fera très certainement rêver pendant de longues années encore c'est Paris-Roubaix. Une course mythique et singulière que nous aurions beaucoup aimer accrocher à notre palmarès si nous avions eu la chance de devenir un jour coureurs cycliste professionnels. Seulement voilà, nous ne sommes pas coureurs et nous ne le serons jamais alors en ce début d'année, nous avons décidé de faire vivre encore un peu la légende de Paris-Roubaix, à moins de 100 jours de l'édition 2016 de l'Enfer du Nord, à travers quelques histoires qui ont fait partie de l'histoire récente de la plus célèbre des classiques. On aurait pu choisir de vous parler du tragique accident de Johan Museeuw dans la Trouée d'Arenberg, en 1998, des exploits de Coppi, Bobet, Merckx, De Vlaeminck ou Hinault mais il n'en sera rien car nous n'avons pas été bercés devant les exploits du Cannibale ou du Blaireau, mais d'avantage devant ceux de Van Petegem, Kelly ou Duclos-Lassalle.

Seulement voilà, aujourd'hui, ce n'est pas de la gloire du vainqueur du Paris-Roubaix que nous allons parler mais de celle de tous les autres, ceux qui sont passés à côtés, pour on ne sait quelle raison, ceux qui se sont battus face aux pavés pour voir le Vélodrome de Roubaix mais aussi de la gloire qui n'ont pas vu le Vélodrome... ou tout du moins pas à vélo.

Car Paris-Roubaix c'est avant tout une histoire d'hommes. Une histoire d'hommes qui débute par un long circuit à travers les plaines depuis Compiègne, jusqu'à l'entrée sur le premier secteur pavé, le "Pavé Jean Stablinski", à Troisvilles, très souvent "oublié" des retransmissions télévisée et qui marque pourtant l'entrée du peloton sur les chemin de l'Enfer.

Ils ont d'ailleurs très nombreux à s'être essayé sur les pavés de Paris-Roubaix, que ce soit par obligation de l'encadrement sportif, pour tenter l'aventure ou parce qu'ils avaient l'ambition d'y briller... ils sont tout aussi nombreux à s'être heurtés aux mythe sans succès.

Le premier d'entre eux, et certainement le plus proche des secteurs clés, n'est autre que Denis Flahaut. Nous sommes en 2008. Le natif de Valenciennes porte alors les couleurs de la formation Saunier-Duval pour ce qui restera très certainement l'une des pires saisons de sa carrière. Au départ de Compiègne, tout semble aller pour le mieux pour Flahaut. Seulement voilà, le nordiste crève une première fois sur les pavés, à Quérenaing, avant de crever à nouveau, quelques kilomètres plus loin, sur les pavés d'Arenberg. Dépanné à la sortie du secteur, Flahaut pointe déjà très loin des leaders et des caméras. Il ratrappe alors quelques coureurs pour former un groupe d'attardés avec, pour principale mission, de rejoindre le deuxième ravitaillement situé quelques kilomètres plus loin, à Beuvry-la-Forêt. Une fois ce poste passé, Flahaut se retrouve seul, avec pour seul compagnie le chauffeur de la voiture-balai, qui va le suivre (et aussi tenter de le contraindre à l'abandon) pendant près de 45km. Si Denis Flahaut n'abdique pas, il arrive tout de même avec près de 45 minutes de retard, et bien évidemment hors-délais, sur le vainqueur, Tom Boonen, dont il d'ailleurs pu observer la montée sur le podium depuis un écran géant situé au célèbre Carrefour de l'Arbre. Si Denis Flahaut a vécu ce Paris-Roubaix 2008 de loin, très loin même, il a mis un point d'honneur à venir à bout de l'Enfer du Nord, une expérience très certainement inoubliable pour le petit sprinteur nordiste.

Autre nordiste dont relation avec Paris-Roubaix est pour le moins particulière, David Boucher,

désormais naturalisé belge, a vécu de drôles d'expériences sur l'Enfer du Nord. S'il a passé de très nombreux kilomètres en tête de course sur cette épreuve, avec notamment son échappée en compagnie d'André Greipel en 2011, alors qu'il portait les couleurs de la formation Omega Pharma-Lotto ou encore en 2012, pour sa première saison sous les couleurs de la FDJ-BigMat, David Boucher a également connu une drôle de mésaventure sur cette épreuve. Nous sommes en 2013. David Boucher effectue sa deuxième saison au sein de la formation dirigée par Marc Madiot. Sur ce Paris-Roubaix, la consigne est claire: Yoann Offredo est le leader désignée de la formation au trèfle. Nous sommes au secteur pavé de Quiévy, troisième difficulté au menu des coureurs en ce jour, David Boucher casse un cable de dérailleur. Alors qu'il attend d'être dépanné, on apprend quelques secondes plus tard la crevaison de Yoann Offredo. David Boucher le comprend bien, son Paris-Roubaix s'arrête là, Offredo étant leader, c'est lui qui sera dépanné par la première voiture de la FDJ. Derrière, les autres voitures de l'équipe défilent, sans toutefois s'arrêter devant David Boucher, qui se retrouve donc seul, au milieu de la campagne nordiste. Si la suite de la journée de David Boucher se déroule bien loin du peloton, elle n'en est pas moins chargée d'anecdotes. Retrouvant son coéquipier Mickaël Delage quelques kilomètres plus loin, les deux hommes sont ensuite "ramassés" par un groupe d'Américains qui vont redéposer les deux coureurs de la formation FDJ au Vélodrome de Roubaix... alors que ce rôle aurait dû revenir au staff de la formation de Marc Madiot ou encore à la voiture balai de l'épreuve. Une histoire anodine qui ajoute encore un peu plus de charme à Paris-Roubaix et à sa dose d'imprévus.

Toujours dans le clan FDJ, c'est la détresse du néo-zélandais Timothy Gudsell qui nous a également marqué quand, lors de l'édition 2010 de l'épreuve organisée par ASO, le néo-zélandais était arrivé sur le vélodrome bien avant les autres coureurs, frigorifié, le visage perdu, au bord des larmes se tenant le bras. C'est cette image de Timothy Gudsell attendant patiemment, assis sur les marches du bus de la formation de Marc Madiot, que la course ne se termine pour que quelqu'un vienne s'occuper de lui, et de son scaphoïde, dont les radios révéleront plus tard une fracture. C'est également cette épreuve qui a, en partie, mis fin à l'aventure de Timothy Gudsell au sein de la Française des Jeux, au sein de laquelle il ne fut pas conservé à l'issue d'une saison 2010 qu'il a passé à courir après la forme.... le tout, dû en partie à cette malheureuse chute sur les pavés menant au vélodrome roubaisien. Gudsell n'aurait sans doute jamais remporté Paris-Roubaix, tout comme la grande majorité des coureurs d'ailleurs, mais qui sait ce que sa saison 2010 aurait pû donner sans cette chute? Qui sait ce qu'il serait advenu de Timothy Gudsell sans cette malheureuse chute? Personne. Roubaix n'a pas mis fin à la carrière du néo-zélandais, mais elle a toutefois donné la dernière image du natif de Feiding sur un Monument du cyclisme, auquel il participait pour la quatrième fois.

Si Paris-Roubaix peut causer les plus grands tourments, cette épreuve offre également une chance unique d'entrer dans l'histoire du cyclisme à jamais, de vivre des moments inoubliables, peut-être plus forts encore que ceux du Tour de France. C'est ce qui est arrivé à Johan Van Summeren, vainqueur surprise en 2011, au terme d'une course pour le moins débridée où les favoris ne se battaient pas pour la gagne mais pour empêcher un certain Fabian Cancellara de gagner. Résultat des courses, le géant Johan Van Summeren franchi la ligne d'arrivée en solitaire et décroche là la plus belle victoire de sa carrière... avant de demander sa femme en mariage, quelques minutes plus tard, ça aussi, c'est la magie de Roubaix. Derrière, si Fabian Cancellara prend la deuxième place, les surprises s'enchaînent avec la troisième place tout aussi inattendue du néerlandais Maarten Tjallingii. Si le podium était inespéré pour Tjallingii, sa réaction était tout aussi inattendue. Peu après sa descente du vélo, c'est une véritable jubilation que le coureur de la Rabobank a offert aux spectateurs présents dans le vélodrome, comme s'il venait de réaliser la plus belle performance de sa carrière, comme s'il venait d'apprendre la naissance d'un enfant ou comme si quelque chose d'absolument extraodinaire et tout aussi inattendu venait juste de se produire. Si cette réaction a pû étonner ou faire rire, elle était cependant tout a fait justifiée pour Tjallingii qui venait là, à 33 ans, d'atteindre le sommet de sa carrière... son moment de gloire à lui aussi, au terme de 250km de guerre sur les pavés du Nord.

Paris-Roubaix, c'est également le lieu choisi par deux légendes du cyclisme, Frédéric Guesdon et Bradley Wiggins, pour mettre en terme à leur carrière de coureur cycliste. Si Guesdon, vainqueur à Roubaix en 1997, et dernier vainqueur français de l'Enfer du Nord, a mis un terme à sa carrière de coureur cycliste en entrant sur le vélodrome sous les applaudissement du public, bien qu'hors-délais, avant de fêter en compagnie des coureurs de la formation FDJ et de ses nombreux supporters, Bradley Wiggins rêvait, lui, d'une tout autre sortie. Convaincu qu'il pourrait entrer en vainqueur sur le vélodrome, Wiggins, vainqueur du Tour de France 2012 et Champion du monde du contre-la-montre en 2014 a dû se contenter d'une anonyme 18e place à Roubaix, alors que nombreux étaient ceux qui attendaient un dernier coup de force de "Wiggo". S'il roule toujours au sein de la formation

Continentale qui porte son nom, Bradley Wiggins n'a, depuis, plus porté le maillot de la formation Sky, ni même remis les pieds sur une course sur route en dehors de Grande-Bretagne, vivant une pré-retraite paisible, loin des photographes et des projecteurs, que la rock star du cyclisme britannique attirait tant. Finalement, Frédéric Guesdon vit toujours Paris-Roubaix de l'intérieur, au sein de la voiture de la FDJ, tentant de guider ses coureurs vers la victoire quand Wiggins semble, lui, se désintéresser complètement de ce monde auquel il n'appartient décidément plus.

Car Paris-Roubaix c'est aussi ça, de la souffrance, beaucoup de souffrance même, des larmes de joie, de tristesse aussi, des douleurs, plus ou moins intenses et graves, des coureurs qui changent radicalement de visage en une journée, cachés sous une peliculle de poussière lorsqu'ils entrent sur le Vélodrome de Roubaix. Si cela contribue à faire la magie de Paris-Roubaix, c'est avant tout son indécision, car il ne suffit pas d'être le plus fort pour gagner, qui fait de Paris-Roubaix le mythe qu'il est aujourd'hui. Qui aurait parié un centime sur Johan Van Summeren, grand vainqueur de l'édition 2011? Peut-être lui et sa femme... et encore, nous n'en sommes pas sûrs. En revanche, ce qui est certain, c'est que Paris-Roubaix a changé à jamais la vie du géant belge, que cette course magique a fait de lui l'un des héros de l'Enfer du Nord, qu'elle a fait de lui l'un de ces champions qui ont l'immense honneur de voir leur nom imprimé sur les murs, à l'intérieur du Café du Vélodrome roubaisien, ou d'avoir une douche portant son nom. Car c'est aussi le fait que le mythe est entretenu depuis tant d'années qui fait Paris-Roubaix est encore, en 2016, un véritable mythe, une épreuve au départ de laquelle la totalité du peloton est en droit de rêver à une entrée francassante sur un vélodrome en folie, qu'il aura préalablement épaté à travers son épopée du jour. Paris-Roubaix est un mythe, Paris-Roubaix est une légende, Paris-Roubaix est un rêve.... Alors messieurs, faites nous rêver encore longtemps!

 
 
 

Comentários


 TWITTER: 

 

 

 UPCOMING EVENTS: 

 

 

 FOLLOW COBBLING: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
 POSTS récents: 
 recherche par TAGS: 

© 2023 by Cobbling. Proudly created with Wix.com

  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
bottom of page