Rinaldo Nocentini: un dernier tour au Portugal.
- cobbling
- 12 janv. 2016
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Grand espoir du cyclisme italien après sa médaille de bronze sur les Championnats du Monde juniors en 1995 à Forli, en Italie, avant de prendre la médaille des mondiaux espoirs de 1998, la carrière de Rinaldo Nocentini est ni plus ni moins la preuve que le cyclisme italien était capable de former des coureurs redoutables et compétitifs, bien loin des scandales qui animent le cyclisme dans ce pays. Passé professionnel en 1999 dans la grande Mapei-Quick Step, Nocentini y a effectué trois saisons, pour parfaire ses gammes, décrochant tout de même deux victoires d'étapes sur le Tour de Langkawi, dès sa première saison chez les professionnels. Après trois années chez Mapei, Nocentini poursuit son envol au sein de l'Elite et rejoint la Fassa Bortolo, en 2002, et les Alessandro Petacchi, Ivan Basso et autres Sergueï Ivanov. L'italien ne restera finalement qu'une seule saison dans cette formation et rejoint, en 2003, les rangs de la formation italienne Formaggi Pinzolo Fiavè-Ciarrocchi Immobiliare, avec laquelle il parvient à s'imposer sur les routes du Tour de Toscane. Si les débuts sont assez délicats pour Nocentini, qui évolue finalement à un niveau à celui qui était attendu d'un double médaillé mondial dans les catégories de jeunes, sa bonne saison 2003 lui vaut un nouveau contrat, en 2004, au sein de la formation Acqua & Sapone - Caffe Mokambo, avec laquelle il va enfin confirmer les espoirs placés en lui, en remportant, dès sa première année sous les ordres de Masciarelli, en remportant la 5e étape du Tour de Pologne, avant de se classer 3e du Tour des Appenins et du Tour d'Emilie. Après une première saison convaincante chez Acqua & Sapone, Nocentini poursuit l'aventure dans la formation transalpine, et va défendre, pendant encore deux saisons, les couleurs de la formation dirigée par Masciarelli, pour finalement en devenir l'un des leaders, remportant, au cours de ces deux

dernières années, la Classica Subida al Naranco en Espagne, le Tour de Vénétie, la Coppa Placci ou encore le Giro dell'Appennino.
Après une utime saison chez Acqua & Sapone, Rinaldo Nocentini change de cap en 2007 et rejoint la formation World Tour française, AG2R Pévoyance, avec laquelle il s'apprête à débuter une longue histoire. Dès ses débuts sous les ordres de Vicent Lavenu, Rinaldo Nocentini s'impose comme l'un des fer de lance d'une formation AG2R en difficultés. Vainqueur dès sa première course sur les routes du Tour Méditerranéen, Nocentini poursuit ensuite en s'imposant, quelques semaines plus tard sur les routes du Grand Prix Miguel Indurain, s'offrant le scalpe de coureurs comme Joaquin Rodriguez, Alejandro Valverde ou encore Steve Morabito. Très régulier, Rinaldo Nocentini se distingue ensuite sur la Flèche Wallonne, sur laquelle il parvient à obtenir une très belle 6e place au sommet du Mur de Huy, remportée par Davide Rebellin. Enfin, Nocentini, qui participe déjà à son cinquième Tour d'Italie en cette saison 2007, se distinguera pendant l'été, sur les routes du Grand Prix de Plouay dont il prend la 7e place finale. Si cette saison 2007 a été relativement fructueuse pour la formation AG2R, Rinaldo Nocentini a bel et bien connu les saisons les plus compliquées de l'histoire de la formation française, traversant les scandales notamment avec Tadej Valjavec, les saisons blanches et aussi les recrutements hasardeux dans l'unique but de rester en World Tour.
Vainqueur du Grand Prix de Lugano en 2008, 2e de Paris-Nice et 7e de Milan-San Remo cette même année, Rinaldo Nocentini s'est très rapidement imposé comme étant l'un des principaux leaders de cette formation AG2R La Mondiale. Régulier dans la performance, il obtient de nombreuses places d'honneur tout au long de la saison comme sur le Tour du Haut-Var (le dernier sur un jour), dont il prend la deuxième place derrière Davide Rebellin, ou sur le Tour d'Italie et La Vuelta, où il parvient à décrocher au moins un Top 5 d'étape sur chacune des deux épreuves. C'est à nouveau l'italien qui va tirer vers le haut, en 2009, la formation AG2R La Mondiale, décrochant par ailleurs la première victoire de la saison de son équipe sur les routes du Tour de Californie (qui se déroulait alors en Février), avant de se classer 10e de la Flèche Wallonne et 15e de Liège-Bastogne-Liège. Encore une fois, c'est la régualrité de Rinaldo Nocentini qui lui permet d'obtenir de bons résultats et il est d'ailleurs sélectionné, en Juillet, par Vincent Lavenu pour disputer son premier Tour de France. Ce Tour de France 2009 restera, aux yeux de beaucoup, le fait marquant de la carrière de Rinaldo Nocentini. S'il a

décroché deux Top 10 en début d'épreuve, sa 4e place à Andorre-Arcalis, théâtre de la victoire de Brice Feillu, lui a aussi et surtout permi de s'emparer du maillot jaune du Tour de France, un maillot que Nocentini portera fièrement pendant une semaine, faisant ainsi du Tour de France de la formation AG2R la Mondiale une réussite, avant de prendre la 12e du classement général final. En 2010, Rinaldo Nocentini débute sa saison sur de bonnes bases, remportant, coup sur coup, le classement général du Tour Méditerrannéen puis la 1ere étape du Tour du Haut-Var. Si le reste de sa saison est bien moins brillant, c'est que le natif de Montevarchi s'est fracturé le tibia-péroné des suites d'une chute survenue sur le Grand Prix de Lugano. Ecarté des pelotons pendant de longs mois, Nocentini reprend la compétition en Juin, à l'occasion du Tour de Suisse, bien loin du niveau qui était le sien. Malgré cela, Nocentini est sélectionné pour le Tour de France, le deuxième de sa carrière. Si le bilan de l'équipe est plutôt satisfaisant, avec notamment la victoire d'étape de Christophe Riblon à Ax Trois Domaines, l'italien n'est que l'ombre de lui même pendant ces trois semaines de compétition, épaulant Nicolas Roche qui termine 13e à Paris. Quant à Nocentini, l'italien termine à une anonyme 96e place, bien loin des projecteurs de la saison précédente. Enchaînant par la suite avec le Tour d'Espagne, Nocentini ne réalise pas de véritable coup d'éclat sur son deuxième Grand Tour de la saison, sa meilleure performance sur ces trois semaines étant une 12e place acquise à Murcie, au terme d'une étape remportée par Thor Hushovd. En revanche, l'italien s'est muté, pendant l'ensemble de la course en équipier modèle pour son leader, l'irlandais Nicolas Roche, qui a, lui, réalisé une très belle Vuelta, terminant d'ailleurs 7e du classement général final.
Les saisons 2011et 2012 furent, de loin, les saisons les plus compliquées de l'histoire de la formation AG2R La Mondiale. Avec respectivement 6 et 4 victoires au compteur en fin de saison, les hommes de Vincent Lavenu n'ont clairement pas atteint les objectif sur ces deux années. De son côté, Rinaldo Nocentini a maintenu la barre, tant bien que mal, pendant ces deux années. Certes vieillissant, le coureur italien n'en est pas moins performant. Terminant 3e du Tour du Haut-Var et du Gran Premio Regio Insubrica en début de saison 2011, Nocentini lance sa cinquième saison chez les terre et ciel de très belle façon. Encore 7e quelques jours plus tard sur le Grand Prix de Lugano, l'italien maitient le navire AG2R à flots en cette année difficile. A nouveau classé parmi les dix premiers d'étape sur le Tour d'Italie, à Tropea, Nocentini épaule pendant ces trois semaines le grimpeur français John Gadret, qui terminera finalement 3e, après déclassement d'Alberto Contador, de la course au maillot rose, un résultat qui vient redorer quelque peu le bilan général de cette saison 2011. Nocentini, lui, a ensuite enchaîné avec une belle 6e place sur le Tour de Pologne et une autre 9e place sur le Grand Prix de Montréal, deux épreuves World Tour sur lesquels chaque point glané est incroyablement précieux. En 2012, c'est l'ensemble de la formation AG2R La Mondiale qui se doit de repartir sur de bonnes bases, pour éviter de revivre une saison comme la précédente. Seulement voilà, le bilan est connu: 4 victoires en tout et pour tout sur l'ensemble de la saison, ce qui est, de loin, la période la plus délicate de l'histoire de la formation. Une fois encore, Rinaldo Nocentini a tenté de masquer ce très maigre bilan par sa régularité tout au long de la saison et ses résultats précieux, notamment sur les épreuves World Tour. Très bon 4e du Tirreno-Adriaticco, 9e de l'Amstel Gold Race, 12e de la Flèche Wallonne et 11e de Liège-Bastogne-Liège, le début de saison de l'italien est également agrémenté d'une 2e place sur la dernière étape du Tour de Romandie et d'une 5e place au classement général final du Critérium International. Véritable fer de lance de sa formation, Nocentini enchaîne ensuite les Top 10 sur les épreuves World Tour comme sur le Cirtéium du Dauphiné ou le Tour de Pologne, dont il prend la 6e place du classement général final, avant de récolter trois Top 10 d'étape sur les routes de la Vuelta et de finir sa saison par une satisfaisante 6e sur le Tour of Beijing. A l'arrivée, Rinaldo Nocentini fait mieux que sauver les meubles sur cette saison. Bien qu'il n'ait pas décroché le moindre succès, le coureur italien se classe finalement 30e du classement World Tour individuel... et permier coureur de la formation AG2R La Mondiale. Une performance qui montre encore à quel point il est précieux pour Vincent Lavenu.
2013 marque un changement radical de cap pour la formation AG2R La Mondiale. Les recrues sont nombreuses, les espoirs aussi. Romain Bardet, qui a montré de belles choses sur les routes de l'Amstel notamment en 2012 entame sa deuxième saison professionnelle et l'équipe de Vincent Lavenu a recruté des coureurs qui savent gagner comme Yauheni Hutarovich, Samuel Dumoulin ou Davide Appollonio mais aussi les grimpeurs Carlos Betancur et Domenico Pozzovivo. De son côté, Rinaldo Nocentini poursuite sa route et se transforme, petit à petit, en véritable capitaine de route au sein de la formation AG2R La Mondiale. Un rôle qui ne l'empêche cependant pas de performer. 5e du Tour d'Oman, 3e du Grand Prix de Camaiore et des Strade Bianche, c'est un nouveau très bon début de saison que réalise Nocentini. Envoyé ensuite sur Tirreno-Adriaticco, il y épaule Domenico Pozzovivo qui se classera finalement 11e du classement général final. De retour sur les classiques, il se classe 10e de la Flèche Wallonne et 14e sur Liège-Bastogne-Liège, des performances qui sont cependant masquées par l'éclosion du jeune colombien Carlos Betancur, qui termine 3e au sommet du Mur de Huy et 4e à Ans. Engagé en Août sur les route du Tour d'Espagne, Rinaldo Nocentini y décroche encore trois Top 10 d'étape, et passe même tout près de la victoire, à Castelldefels, arrivant seulement 7 secondes après le vainqueur du jour, Warren Barguil.

C'est finalement en 2014 que le déclin de Rinaldo Nocentini, si l'on peut toutefois appeler cela un déclin, a commencé à se faire sentir. Bien moins en vue d'un point de vue individuel en début de saison, l'italien semble cette fois s'être complètement fondu dans le rôle de capitaine de route qui est le sien, épaulant ainsi Domenico Pozzovivo dès le début de saison, sur les routes du Tour de San Luis, où Pozzovivo termine 10e, et sur Tirreno-Adriaticco, où son leader prend la 6e place, et Nocentini une satisfaisante 12e place. C'est ensuite toujours dans se rôle d'équipier de luxe que nous allons le retrouver, très discret, comme sur les routes de la Vuelta, avant un dernier vrai coup d'éclat, en fin de saison 2014, où il se classe 2e de Milan-Turin, derrière Gianpaolo Caruso, avant de prendre la 10e place du Tour de Lombardie et de finir la saison avec une 8e place sur le Tour of Beijing.
En 2015, Nocentini tient toujours le même rôle, celui de capitaine, d'accompagnateur. Ainsi, il épaule Alexis Vuillermoz sur les routes du Tour de San Luis, puis contribue au succès de Ben Gastauer sur le Tour du Haut-Var, épaule également Domenico Pozzovivo sur Tirreno-Adriaticco avant de décrocher ses premiers vrais bons résultats en Avril, sur les classiques ardennaises, dont il prend la 12e de l'Amstel Gold Race et de la Flèche Wallonne, comme pour rappeler à tout le monde que Rinaldo Nocentini est toujours présent. Engagé en cette saison 2015 sur son huitième Tour d'Italie, c'est avant tout pour épauler Domenico Pozzovivo qu'il prend le départ de l'épreuve, avant l'abandon de ce dernier sur chute. Offensif après le retrait de Pozzovivo, il se classe notamment 7e de la 18e étape de l'épreuve, remportée par Philippe Gilbert, un bien maigre butin pour un coureur de son acabit. La suite et fin de saison se résumera à cela: épauler les leaders sur les différentes épreuves du calendrier comme sur le Tour de Pologne, aux côtés de Christophe Riblon, 7e du Classement général final, ou sur La Vuelta, aux côtés de Domenico Pozzovivo, qui termine 11e. La Vuelta aura été sa dernière sortie sous les couleurs d'AG2R La Mondiale. Une dernière épreuve ponctuée par une énième échappée, une énième tentative de décrocher, enfin, une victoire d'étape sur un Grand Tour. Il n'en sera rien. Rinaldo Nocentini boucle cette Vuelta avec une 6e place d'étape, acquise à Tarazona, lors de la 13e étape remportée par le portugais Nelson Oliveira.
C'est finalement après neuf années de bons et loyaux services que Rinaldo Nocentini a été prié de quitter la formation AG2R La Mondiale. A 38 ans, l'italien rempile pour une année supplémentaire, au Portugal, au sein de la formation Continentale Sporting Clube de Portugal/Tavira. Une équipe dont les objectifs seront radicalement différents que ceux d'une équipe World Tour comme AG2R La Mondiale. Une formation qui se concentera essentielement sur le Tour du Portugal, épreuve majeure du calendrier national. Une équipe au sein de laquelle il devra jongler entre la casquette du capitaine de route expérimenté, fort de 17 victoires professionnelles et comptant 17 Grands Tours au compteur, et la casquette de leader d'une formation Continentale qui ne sera pas avare de résultats, résultats que Rinaldo Nocentini aura encore à coeur d'obtenir, même à 38 ans.
Rinaldo Nocentini aura finalement tout connu au cours de sa carrière. Débutant aux côtés des plus grands au sein des formations Mapei-Quick Step et Fassa Bortolo, puis terminant, probablement, dans une modeste formation Continentale. Malgré tout, c'est au sein de la formation AG2R La Mondiale que la plus grande partie de sa carrière de cycliste professionnel se sera déssinée. Un temps leader, un temps maillot jaune du Tour de France, un temps sauveur d'un navire à la dérive, un temps équipier modèle puis finalement remercié, c'est une drôle de fin que le World Tour a réservé à Rinaldo Nocentini, probablement l'un des plus fidèle serviteurs de la formation AG2R La Mondiale depuis sa création, condamné à boucler la boucle bien loin des feux des projecteurs.
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