FDJ: Pinot, Démare et les autres.
- cobbling
- 30 oct. 2015
- 4 min de lecture
Chez FDJ, on l'a bien compris, la hiérarchie est pour le moins bien établie. Il y a Thibaut Pinot, leader incontestable et incontesté sur les courses à étapes, Arnaud Démare, leader désigné sur les sprints et sur les classiques flandriennes et tous les autres coureurs, qui, eux, se battent pour les miettes. Bref, se faire une place chez FDJ, ce n'est pas facile du tout.
Si Thibaut Pinot a parfaitement assumé son rôle de leader cette année en remportant les étapes reines des Tour de Romandie et de Suisse, en s'imposant à l'Alpe d'Huez sur le Tour de France ou encore en terminant 3e du Tour de Lombardie et 4e de Tirreno-Adriatico, Arnaud Démare, lui, a connu une saison bien plus difficile que le grimpeur franc-comtois. Vainqueur à seulement deux reprises cette saison, à l'occasion du Tour de Belgique, Arnaud Démare a semblé courir après sa forme cette année et surtout après la confiance, bien plus qu'après les victoires. Si ses performances de fin de saison à Hambourg, sur le Tour de Vendée ou sur Paris-Bourges sont assez rassurantes, Arnaud Démare a déçu en 2015, lui le premier. Malchanceux sur les classiques, pas toujours au top de sa forme, Arnaud Démare est passé au travers de cette saison 2015 comme une ombre, tombant même parfois dans l'oubli à l'heure de dresser la liste des favoris à un sprint massif. Si ses qualités sont incontestables, cette saison difficile contribuera sans doutes à parfaire son apprentissage et à (re)faire du Champion de France 2014 un adversaire redoutable dans les sprints.
Si la FDJ s'était plutôt bien renforcer dans le secteur du sprint à l'hiver 2014, avec les arrivées de Marc Sarreau, Lorenzo Manzin et Kevin Réza, les deux premiers cités étaient davantage dans une phase d'apprentissage en 2015. S'ils sont tous deux parvenus à lever les bras cette année, Manzin et Sarreau vont devoir confirmer la saison prochaine qu'ils peuvent être des solutions de rechange viable derrière
un Arnaud Démare qui semble, tout de même, encore intouchable. Quant à Kevin Réza, l'ancien poisson-pilote de Bryan Coquard chez Europcar a lui aussi rendu une bonne copie de cette saison 2015, en terminant notamment 3e d'étape sur le Tour d'Espagne, au sprint, derrière le belge Jasper Stuyven et Peio Bilbao ou en terminant également dans les 10 ptemiers d'étapes à deux reprises sur le dernier Tour d'Italie.
Côté montagne, la formation FDJ de 2015 ressemblait sensiblement à celle de 2014, à l'exception près, et tout de même notable, de l'arrivée du suisse Steve Morabito aux côtés de Thibaut Pinot en cette saison 2015. Excellent grimpeur, ancien équipier de leaders comme Cadel Evans, Alberto Contador, Alexandre Vinokourov, Lance Armstrong ou encore Floyd Landis, le coureur suisse est venu apporter toute son expérience cette saison à Thibaut Pinot, toujours dans une logique de progrès, et pour porter le grimpeur français encore plus haut. Si ces résultats personnels n'ont pas été particulièrement brillants, hormis une 8e place sur le Tour de Suisse, ses performances sur le vélo en qualité d'équipier de luxe ont, elles, été vues de tous. Pour épauler Thibaut Pinot, Marc Madiot n'avait pas besoin de toute équipe bâtie autour de son leader, un seul Steve Morabito, avec sa science de la course et son expérience suffit à faire briller encore un peu plus Thibaut Pinot, que l'orgueil propre aux grands champions à également sû porter vers les sommets de l'Alpe d'Huez.
Pour ce qui est du reste de l'équipe, Kenny Elissonde, du haut de ses 24 ans, continue d'apprendre et de progresser, lentement et discrètement. S'il s'est classé 8e d'étape sur le Tour d'Italie et sur le Tour d'Espagne, Elissonde, 16e du Classement général de la Vuelta a été très discret cette saison. Si son talent ne fait aucun doutes, il peine tout de même à confirmer le potentiel entrevu en 2013, lors de sa brillante victoire au sommet de l'Angliru, sur les routes de ce même Tour d'Espagne.
Il devient petit à petit l'un des véritables cadres de cette formation FDJ, Alexandre Geniez n'en fini plus de surprendre. Vainqueur du Tro Bro Léon en Avril dernier, Geniez a parfaitement tenu son rôle auprès de Thibaut Pinot sur les routes du Tour de France en Juillet dernier, jouant même les éclaireurs dans l'étape de l'Alpe d'Huez, avant de remporter, quelques semaines plus tard, le Tour de l'Ain, le tout, après avoir déjà performé sur le Tour d'Italie, dont il a pris la 9e place du Classement général final. Notons également le beau baroud de Johan Lebon sur les routes de l'Eneco Tour, dont il s'est offert la 5e étape, dans un contexte polémique après l'exclusion de David Boucher. Pour le reste, le bilan personnel reste tout de même moyen. SI Anthony Roux s'est également imposé cette saison, le reste de l'équipe est, lui, resté muet, et, bien souvent, cantonné à un rôle d'équipier pour les deux leaders, Pinot et Démare.
Alors peut-on véritablement juger de la valeur d'un effectif quand la saison repose, quasi intégralement, sur deux coureurs? Cela dépend. Si Démare avait gagné dix ou quinze fois cette année, ses performances personnelles ne seraient, bien évidemment pas passé inpaerçu, mais le travail de l'équipe non plus. Seulement voilà, quand un sprinteur ne gagne pas ou peu, la confiance des équipiers n'est plus la même et les performances de l'équipe entière s'en ressentent. Arnaud Démare est, et restera, un excellent coureur, un très bon sprinteur et un véritable leader, mais laisser reposer le poids d'une saison sur les épaules d'un coureur de 24 ans n'est-il pas trop risqué? Cette réponse n'est pas évidente non plus, au vu des performances réalisées par Thibaut Pinot cette année, qui a, lui, semble-t-il, porté tout le groupe "grimpeurs" vers le haut de part ses performances individuelles. Le cyclisme est un sport où le collectif se met au services d'individualités mais, pour que ces individualités exploitent le meilleur d'elles mêmes, ne faut-il pas les confronter en permanence à une forte concurence?
Comments