Rejoindre une Continentale étrangère, bonne ou mauvaise idée?
- cobbling
- 3 oct. 2015
- 5 min de lecture

Ils sont de plus en plus nombreux à quitter la France et le "confort" (toutefois bien relatif) de leur club de DN pour tenter leur chance à l'étranger, dans une équipe Continentale étrangère, ou à rejoindre ces formations, faute d'un nouveau contrat au sein du peloton professionnels mais est-ce vraiment un bon plan?
Ainsi, des coureurs comme Justin Jules (Veranclassic-Ekoï), Clément Koretzky (Vorarlberg), Denis Flahaut (CCT Champion System), Melvin Rullière (Veranclassic-Ekoi), Damien Garcia (Frøy Bianchi) ou encore Boris Carène (Differdange-Losch) on tenté leur chance, cette saison, au sein d'équipes Continentales. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Le premier danger auquel est confronté un coureur qui signe dans une formation Continentale étrangère, c'est de tomber dans l'oubli. Yannis Yssaad a d'ailleurs récemment annoncé avoir refusé des offres de formations Continentales étrangères pour justement éviter de tomber dans l'oubli. Qui, aujourd'hui, se rappelle encore de garçons comme Victor Fobert qui a porté les couleurs de l'équipe belge Colba-Superano Ham en 2013? Qui prète encore attention aux résultats d'un coureur comme Loïc Desriac, ancien professionnel chez Roubaix-Lille Métropole et qui évolue aujourd'hui dans l'équipe Kinan? Pas grand monde.
A vrai dire, je pense sincèrement qu'il vaut parfois mieux courir dans un club de DN1 ou de DN2 que dans une équipe Continentale étrangère. En effet, un certain nombre de clubs de DN1 sont aujourd'hui capables de proposer à leur coureurs un programme quasiment aussi important que celui de nombreuses équipes Continentales. Un club comme le Vendée U participe aujourd'hui à quasiment toutes les classes 2 auxquelles elle souhaite participer, allant même jusqu'à courir une épreuve comme le Triptyque des Monts et Châteaux en Belgique ou la Flèche du Sud au Luxembourg. Même son de cloche dans le plus modeste club du CC Villeneuve-Saint Germain. Le club, qui abrite notamment le Champion de Grèce Polychronis Tzortzakis, a su offrir à ses coureurs cette saison une vigtaine de jours de courses sur des épreuves UCI, participant à des courses comme Paris-Mantes-en-Yvelines, le Grand Prix de Nogent-sur-Oise, Paris-Chauny, le Grand Prix des Marbriers, la Flèche du Sud au Luxembourg ou encore la Ronde de l'Oise. Un programme que certaines formations continentales peinent à offrir à leurs coureurs. Prenons l'exemple de l'équipe continentale belge du Pôle Continental Wallon. La majorité des coureurs de cette équipe ne compte qu'une dizaine d'épreuves UCI à leur programme cette saison. A ces épreuves, nous pouvons cependant aujouter toutes les kermesses professionnelles en Belgique et les épreuves régionales mais cela pèse-t-il pour autant plus lourd que des épreuves Elite Nationale comme la Boucle de l'Artois, le Tour du Piémont Vosgien ou les célèbres Gainsbard et Gislard? Cela pèse-t-il plus lourd que les manches de la Coupe de France DN1? Je ne le pense pas. Au jour d'aujourd'hui, bon nombre d'équipes DN françaises sont en mesure de proposer un projet sportif bien plus intéressant que les équipes Continentales, d'autant que certaines de nos structures offrent à leurs coureurs la possibilité de disputers des épreuves comme Liège-Bastogne-Liège espoirs ou Paris-Roubaix espoirs et qu'un certain nombre d'entre elles servent de "réserves" à des équipes professionnelles.
Mais est-ce nécessairement une mauvaise décision que de rejoindre une équipe Continentale étrangère?
Ma réponse est simple: non. Mais encore faut-il choisir la bonne. Prenons l'exemple de la formation Veranclassic-Ekoï de Geoffrey Coupé. Cette structure évolue un petit plus chaque année et propose désormais à ses coureurs de disputer des épreuves Hors-Classe comme le Tour de Wallonie ou le Tour de Belgique. Ces épreuves sont, pour les coureurs de cette formation, une occasion en or de se mettre en valeur dans le but d'être ensuite repéré par une formation professionnelle et de signer un contrat pro. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à Robin Stenuit cette saison. Vainqueur d'étape sur le Tour de Gironde, vainqueur également du Grand Prix de Nogent-sur-Oise cette saison, le coureur wallon a, ensuite, obtenu un stage au sein de la formation Continentale Professionnelle Wanty-Groupe Gobert, avec laquelle il a remporté le Schaal Sels (1.1) avant de signer un contrat professionnel au sein de cette équipe pour la saison 2016.
Veranclassic-Ekoï est, au jour d'aujourd'hui, l'une des formations Continentale offrant l'un des
meilleurs programme à ses coureurs. Seulement voilà, Geoffrey Coupé dispose d'une vingtaine de coureurs dans son effectif pour un maximum de 8 places sur les épreuves UCI. La concurrence est rude et il faut donc véritablement se battre pour obtenir sa selection sur une course comme le Grand Prix d'Isbergues (1.1) ou l' Eurométropole Tour (2.1) qui a lieu actuellement. Est-ce une bonne chose alors de rejoindre une telle équipe? Cela dépend. Au jour d'aujourd'hui, un jeune coureur français serait d'avantage gagnant à défendre les couleurs d'un club de DN1 que celles d'une équipe comme Veranclassic-EkoÏ. En revanche, un garçon comme Justin Jules, non conservé par La Pomme Marseille à l'issue de la saison
2014 avait, lui, tout intérêt à tenter ce pari. Un pari qui a été plutôt payant à la fois pour le coureur et pour l'équipe puisque Justin Jules a notamment remporté cette saison une étape du Tour du Maroc (2.2) et décroché un grand nombre de places d'honneurs cette saison dont une belle 2e place sur la Nokere Classic (1.1), battu au sprint par Kris Boeckmans (Lotto-Soudal). Certes ce passage en Continentale ne lui assure pas un retour dans le peloton professionnel en 2016 mais il devrait lui assurer une place au sein d'une équipe Continentale.
En revanche, l'aventure chez Veranclassic-Ekoï s'est bien moins terminée pour Melvin Rullière. Le spécialiste du cyclo-cross, ancien vainqueur du Grand Prix de Pérenchies (1.2), a couru après la forme toute cette saison avant de finalement baisser les bras, lors du Tour de Wallonie (2.HC), en Juillet dernier, et de renoncer à la fin de saison sous les couleurs de l'équipe Veranclassic-Ekoï.
L'aventure n'a pas été bien longue non plus pour le guadeloupéen Boris Carène, recruté en Août 2014 par la formation luxembourgeoise Differdange, le coureur a quitté l'équipe au mois d'avril pour rejoindre la DN3 de Hyères et n'aura, d'ailleurs, jamais couru pour l'équipe luxembourgeoise en 2015.
Autre coureur traversant le monde sous les couleurs d'une formation Continentale, Damien Garcia. Après une saison sous les couleurs du CC Differdange en 2014, le palois s'est engagé en 2015 au sein de la formation Continentale norvégienne Frøy Bianchi, où il est le seul représentant français. Comptant à ce jour 34 jours de courses sur le circuit UCI, le français a eu l'occasion cette saison de disputer des épreuves comme le Challenge de Majorque, où il s'est distingué en prenant part à une longue échappée en compagnie du coureur luxembourgeois Alex Kirsch lors du Trfeo Ses Salines Campos (1.1). Au cours de cette saison, Garcia a également beaucoup voyagé, courant ainsi à Taiwan, en Estonie, en Pologne, en Guadeloupe ou encore en Croatie pour seulement 2 jours de course en France (sur le Tour de Haut-Var) et 2 autres jours de course en Norvège (sur les GP Ringerik et Hadeland). Un bien maigre butin.
Clément Koretzky a, lui, rejoint l'Autriche et l'équipe Vorarlberg, faute d'une reconduction de son contrat au sein de la formation Bretagne-Séché Environnement. Seulement voilà, malgré quelques bons résultats cette saison (il a notamment terminé 5e du Grand Prix de Berne, 9e de l'Horizon Park Race for Peace en Ukraine, 19e du Championnat de France professionnels ou encore meilleur grimpeur des Boucles de la Mayenne), Koretzky peine à rester sous le feu des projecteurs. Avec seulement 39 jours de course au compteur cette saison (en attendant le 40e demain, sur le Tour d'Almaty au Kazakhstan), Koretzky se retrouve bien loin des standards qui offrent aux coureurs une condition physique suffisante pour jouer les gros bras dans le final des épreuves. Bon nombre de coureurs évoluant en DN ont d'ailleurs quasiment participé au double de compétitions cette saison. Le coureur, qui s'était classé 2e du Grand Prix de la Somme en 2012 est tombé, lui aussi, peu à peu dans l'oubli et ce n'est certainement pas une nouvelle saison à l'étranger qui y changera quelque chose.
Cela vaut-il le coup de tenter le pari fou de courir pour une formation Continentale étrangère? Oui, si cela sert de tremplin. Un coureur qui utilise une de ces formations comme tremplin pour rejoindre une formation professionnelle est effectivement bien inspiré de rejoindre une équipe Continentale car cela lui permet de faire ses armes sur des classes 2 mais aussi de découvrir les classes 1 voire même certaines courses Hors-Classe. Une saison en Continentale peut être un excellent apprentissage du cyclisme professionnel mais ne doit pas être le "niveau seuil" auquel un coureur peut aspirer évoluer, au quel cas il vaudrait mieux évoluer dans un club de DN qui offre souvent un très bon programme et un certain confort (dû en partie à la proximité) à ses coureurs.
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