Marseille 13 KTM, bien armée pour la Continentale Pro?
- cobbling
- 1 oct. 2015
- 6 min de lecture

Le Vélo Club La Pomme Marseille, renommé en cette saison 2015 Marseille 13 KTM et qui portera en 2016 le nom Delko Marseille-Provence KTM est, depuis hier, officielement candidate à l'accession en Continentale Pro pour la saison 2016. Sur le papier, l'accession à la deuxième division du cyclisme mondial paraît très intéressante mais l'équipe marseillaise est-elle suffisament armée pour la Continentale Pro?
L'accession du club marseillais à la deuxième division cycliste ne serait, ni plus ni moins, qu'une suite logique à l'évolution de cette structure qui fut, avant d'obtenir le statut d'équipe Continentale (sous licence lettonne) en 2011, l'un des tous meilleurs clubs amateurs français, remportant même la Coupe de France des Clubs "Look" en 2007 avec à son bord des coureurs comme Thomas Rostollan, Maxime Bouet, David Tanner, Gatis Smukulis, Ignatas Konovalovas ou encore Dan Martin. Une belle brochette de coureurs dont bon nombre ont, depuis, fait le saut vers le monde professionnel, comme tant d'autres passés, eux aussi, par le VC La Pomme. On retiendra des coureurs comme Nicolas Roche, Philip Deignan, Rémi Di Grégorio, Clément Lhotellerie, Quentin Jauregui ou encore Alexandre Geniez.
C'est finalement avec un effectif assez éclectique que les pommiers se sont lancés chez les pros, au début de la saison 2011. C'est avec effectif bourré de jeunes prometteurs comme Justin Jules, Benjamin Giraud, Thomas Vaubourzeix, Toms Skujin ou encore l'argentin Daniel Diaz que Frederic Rostaing s'apprêtait à démarrer chez les professionnels. Cinq saisons plus tard, beaucoup d'eau à coulé sous les ponts. Et beaucoup de coureurs sont passés par cette structure. Seuls Giraud et Siskevicius sont toujours là, fidèles au poste et ayant su conserver la confiance du manager marseillais. D'autres sont partis voir ailleurs, comme Skujins, aujourd'hui dans l'équipe américaine Hincapie Sportswear ou Justin Jules parti, l'hiver dernier, en Belgique dans la formation Veranclassic-Ekoï, faute d'un nouveau contrat pro à Marseille. D'autres sont revenus également, comme ce fut le cas de Siskevicius, parti à l'issue de la saison 2012 chez Sojasun puis revenu, un an plus tard, après l'annonce de l'arrêt de la structure évoluant en Continentale Pro. Rémi Di Grégorio est lui aussi revenu dans son club de coeur après avoir été traîné dans de tristes draps alors qu'il mettait en lumière le soleil du maillot Cofidis. Même son de cloche pour le lituanien Konovalovas, lui aussi revenu à Marseille, faute d'un nouveau contrat dans sa formation précédente, le team MTN-Qhubeka. Parce que Marseille, c'est aussi ça. Un club familial, venu du 11e arrondissement marseillais. Un club qui sait d'où il vient, et où il va.
Le team Marseille 13 KTM, c'est aussi une structure qui grandi un peu plus chaque année, grâce à son incroyable collectif. Un club qui, pour la première fois depuis son accession à la troisième division du cyclisme, s'est offert le luxe de remporter une épreuve Hors-Catégorie en France. C'était en mai dernier, sur les 4 Jours de Dunkerque, qu'Ignatas Konovalovas ne serait très certainement jamais parvenu à remporter sans une équipe soudée à ses côtés.
Le Team Marseille 13 KTM, c'est aussi une équipe "tremplin". Une de ces équipes que l'on rejoint pour passer professionnel mais avec l'objectif de monter les échelons pour rejoindre, un jour, une plus grosse structure. C'est ce qu'ont fait des garçons comme Pierre-Luc Périchon, aujourd'hui membre de l'équipe Bretagne-Séché Environnement, et qui a découvert cette année le Tour de France. C'est ce qu'à fait également Yannick Martinez, parti chez Europcar après une belle saison 2013 conclue par une magnifique victoire d'étape sur les 4 Jours de Dunkerque et bonifiée, un mois plus tard, par un autre succès sur la Route du Sud. C'est ce qu'a fait également le portugais José Gonçalves qui a porté les couleurs du VC La Pomme pendant deux saisons avant de rejoindre, l'hiver dernier, l'équipe Caja Rural. Gonçalves, lui, s'est particulièrement distingué cette saison sur son premier Grand Tour, la Vuelta, où nous l'avons vu à l'attaque à de nombreuses reprises.
Prendre son envol, quitter le cocon marseillais, c'est ce que s'apprètent à faire Julien Loubet et Ignatas Konovalovas en 2016. Le premier, vainqueur cette saison de Paris-Camembert s'apprête à rejoindre la formation Fortuneo-Vital Concept (future ex-Bretagne-Séché Environnement) tandis que le second, vainqueur cette saison des 4 Jours de Dunkerque, va rejoindre la formation FDJ dirigée par Marc Madiot. Parce que le Team Marseille 13 KTM c'est avant tout une équipe qui déniche les talents, quel que soit leur âge. C'est aussi une équipe qui sait relancer les coureurs, comme elle l'a fait par le passé avec Rémi Di Gérgorio, comme elle l'a fait cette saison avec Loubet et Konovalovas et comme elle le fera sûrement en 2016 avec Yannick Martinez, non conservé par Jean-René Bernaudeau au sein de la formation Direct Energie ou encore Daniel Diaz, qui revient à Marseille après quatre saisons dans des équipes Continentales sud-américaine et deux victoires au classement général du Tour de San Luis (en 2013 et 2015).

Le futur team Delko Marseille-Provence KTM est donc désormais bien ancré dans le paysage du peloton professionnel et tend à poursuivre une progression logique qui le mènerait vers la division Continentale Professionnelle. L'équipe y a-t-elle sa place? Sans aucun doute. Avoir quatre formations françaises en Continental Pro ne serait-il pas de trop? Non. Et cela a d'ailleurs déjà été le cas lorsque seule la formation AG2R La Mondiale évoluait en World Tour, en 2011, les équipes Europcar, Cofidis, FDJ, Bretagne-Schuller et Saur-Sojasun évoluaient en Continental Pro, portant à cinq le nombre de formations françaises à cet échelon. Comme toutes les formations Continentales Professionnelle, le club marseillais serait soumis à la dure lois des Wild Card dans le but d'accèder aux épreuves du World Tour. Si je doute qu'ASO ne leur accorde une invitation sur le Tour de France dès leur première saison à ce niveau, j'émets cependant beaucoup moins de réserves quant à une éventuelle participation à Paris-Nice, au Dauphiné, au Grand Prix de Plouay ou encore à Paris-Roubaix. En effet, ASO a souvent, ces dernières années, opéré un certain turn-over dans ses attributions de Wild Card garantissant ainsi à toutes les formations Continentales Professionnelles françaises la participation à au moins une de ses deux épreuves World Tour d'une semaine (Bretagne-Séché Environnement ayant souvent été recalé sur le Dauphiné). Le team Marseille 13 KTM ne devrait pas échapper à la règle. En revanche, les éventuelles invitations sur d'autres épreuves World Tour seront bien plus compliquée à décrocher pour la bande à Rostaing et nul ne doute que les futurs pommiers vendront chèrement leur peau.
Cependant, il ne devrait pas y avoir de véritable changement concernant le reste du calendrier. Le Team Marseille 13 KTM étant invité quasi systématiquement sur chacune des épreuve importante du calendrier français, une licence Continentale Professionnelle ne devrait pas changer grand chose. Par ailleurs, un éventuel refus de cette licence ne devrait pas changer grand chose non plus dans la mesure où la nouvelle réforme de l'UCI autorise, dès 2016, les organisateurs d'épreuves Hors Catégorie à inviter un maximum de deux formations Continentales étrangères sur leurs épreuves. Le team Marseille 13 KTM se verrait donc ainsi ouvrir les portes d'une course comme le Tour de Grande-Bretagne ou le Tour de Wallonie même en conservant une licence Continentale.
En revanche, l'un des gros impact que pourrait avoir cette licence pour l'équipe de Frédéric Rostaing se situe au niveau de l'effectif. Si l'on sait d'ores et déjà que des garçons comme Alexandre Blain ou Clément Penven ne seront pas conservés en 2016, une licence Continentale Professionnelle offrirait au club marseillais l'opportunité d'avoir une plus grande profondeur d'effectif et, ainsi, de courir sur plusieurs fronts, ce qui n'était pas le cas en 2015. En effet, avec un effectif composé seulement de 11 coureurs en 2015 (plus les deux stagiaires Martin Laas et Yoann Vérardo qui ont rejoint l'équipe le 1er Août), il était impossible pour le Team Marseille 13 KTM de s'aligner au départ de deux épreuves en même temps. Cela devrait être désormais possible en 2016 avec l'obtention d'une licence Continentale Professionnelle.
Si l'on suit la simple logique et que l'on regarde la progression annuelle du Team Marseille 13 KTM, il parait évident que cette équipe mérite sa place en Continentale Professionnelle pour 2016. Avec des victoires sur les 4 Jours de Dunkerque, Paris-Camembert et le Circuit des Ardennes, le team Marseille 13 KTM n'a, certes, par réalisé sa saison la plus proléfique en nombre de victoires mais elle a tablé un voire deux crans plus haut que les années précédentes en terme de prestige... Et la saison 2015 n'est pas encore terminée...
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